Quand l’amour devient silence 10

Chapitre 10 : La Prise de Conscience et la Renaissance

C’est un voyage qui a tout changé. 

Une escapade de deux semaines dans un endroit calme et naturel, loin des enfants, loin du quotidien. Loin des listes de courses interminables, des rendez-vous à ne pas oublier, des disputes matinales sur qui emmène qui à l’école. Pour la première fois depuis des années, nous étions seuls. Vraiment seuls. Amour 

La préparation du voyage

L’idée de ce voyage est née un soir, alors que nous étions épuisés, assis sur le canapé après une journée interminable. Les enfants dormaient enfin, et nous étions là, à regarder la télévision sans vraiment la regarder, comme deux étrangers partageant le même espace. C’est moi qui ai osé en parler le premier. 

« Et si on partait ? Juste nous deux. Pour quelques jours. Ou plus. » 

Ma proposition a été accueillie avec un mélange de surprise et d’hésitation. Partir ? Sans les enfants ? L’idée semblait presque irréelle, comme si nous envisagions de faire quelque chose d’interdit. Mais au fond de nous, nous savions que nous en avions besoin. 

La préparation a été un mélange d’excitation et de stress. Il a fallu organiser chaque détail pour que les enfants soient bien pris en charge pendant notre absence. Mes parents ont accepté de venir s’installer à la maison pour s’occuper d’eux. Nous avons passé des heures à préparer des listes : les horaires de l’école, les activités extrascolaires, les allergies alimentaires, les numéros d’urgence. Nous avons même écrit un petit guide pour chaque enfant, détaillant leurs routines, leurs préférences, leurs petites manies. 

Le jour du départ, nous étions partagés entre l’excitation et la culpabilité. Les enfants, eux, semblaient plutôt enthousiastes à l’idée de passer deux semaines avec leurs grands-parents. Notre aîné, toujours si sérieux, nous a même rassurés : « Ne vous inquiétez pas, on va bien s’amuser. » 

Les cinq premiers jours : la difficulté de se retrouver

Les premiers jours ont été étranges, presque inconfortables. Nous étions comme deux étrangers qui se croisaient dans un espace trop grand, trop silencieux. Le calme de l’endroit, pourtant si apaisant, semblait accentuer notre malaise. Nous avions l’habitude d’être constamment entourés de bruit, de mouvement, de vie. Là, il n’y avait que le bruissement des arbres, le chant des oiseaux et le son de nos pas sur les chemins de terre. 

Nous marchions côte à côte, mais nos pensées semblaient miles away. Les silences étaient lourds, comme si nous avions oublié comment simplement *être*. Je me souviens d’un moment, le premier soir, où nous nous sommes retrouvés assis à une terrasse de restaurant, un verre de vin à la main, et où nous avons réalisé que nous ne savions plus quoi nous dire. Pas par manque d’envie, mais parce que nous avions tellement l’habitude de parler des enfants, du travail, des obligations, que nous avions oublié comment parler de *nous*. 

Les jours suivants ont été tout aussi maladroits. Nous essayions de remplir les silences avec des banalités, mais cela sonnait faux. Nous étions comme deux acteurs jouant un rôle, incapables de retrouver notre authenticité. 

Les activités pour ouvrir la conversation

C’est à partir du sixième jour que les choses ont commencé à changer. Nous avons décidé de participer à quelques activités pour briser la glace. Une randonnée dans les collines, une séance de yoga au lever du soleil, une visite guidée d’un petit village voisin. Ces moments partagés nous ont permis de nous reconnecter, non pas par les mots, mais par les gestes. 

Lors de la randonnée, nous avons marché en silence pendant un long moment, puis, au sommet d’une colline, nous nous sommes arrêtés pour admirer la vue. C’est là que j’ai osé lui prendre la main. Un geste simple, presque instinctif, mais qui a fait fondre une partie de la tension entre nous. 

Le yoga, quant à lui, nous a appris à respirer ensemble, à synchroniser nos mouvements. Et c’est après cette séance, alors que nous étions assis sur des coussins, le visage encore détendu, que nous avons commencé à parler. Vraiment parler. 

Les conversations profondes

Nous avons parlé de l’importance de se bâtir en tant que couple, de ne pas laisser la routine et les responsabilités nous engloutir. Nous avons réalisé que nous avions tellement investi dans notre rôle de parents que nous avions négligé notre relation. Nous avons évoqué nos rêves, nos peurs, ces projets que nous avions mis de côté en pensant qu’il y aurait toujours du temps plus tard. 

Et puis, naturellement, nous avons reparlé des enfants. Chacun d’eux a ses particularités, ses forces, ses défis. Nous avons ri en évoquant les petites manies de notre aîné, toujours si sérieux et organisé, presque un adulte en miniature. Nous avons parlé de notre cadette, si créative et rêveuse, mais aussi si têtue. Et enfin, nous avons évoqué notre plus jeune, un vrai petit clown, toujours prêt à faire rire la famille. 

Ces conversations nous ont rappelé que nous étions une équipe, pas seulement en tant que parents, mais en tant que couple. Nous avons réalisé que pour être de bons parents, nous devions d’abord prendre soin de notre relation. 

La renaissance de l’amour

Ce voyage a été une renaissance. Pas seulement pour notre couple, mais pour nous en tant qu’individus. Nous avons réalisé que nous avions besoin de ces moments pour nous reconnecter, pour nous rappeler qui nous étions au-delà des rôles que nous jouions chaque jour. 

En rentrant, quelque chose avait changé. Ce n’était pas spectaculaire, mais c’était palpable. Nous nous regardions différemment, avec une tendresse retrouvée, une complicité qui avait été ensevelie sous des années de routine. Nous savions que ce n’était que le début, que le chemin serait long et parsemé d’embûches, mais nous étions prêts à le parcourir. Ensemble. 

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