Quand l’amour devient silence 8

Chapitre 8 : La Tentative de Réconciliation

Un jour, il y a eu cette réunion de famille. Autour de la table, les rires résonnaient, faux et forcés, comme un fond sonore qui ne parvenait pas à couvrir le silence entre nous. On ne parlait jamais vraiment de nous aux autres, mais ce jour-là, une remarque anodine a tout déclenché. Amour

“Vous êtes toujours aussi complices, hein ?” 

La question, lancée par ma tante, a plané un instant dans l’air, comme un oiseau qui hésite à se poser. J’ai voulu rire, dire “oui, bien sûr”, mais les mots se sont coincés dans ma gorge. J’ai croisé son regard et, pour la première fois depuis longtemps, j’ai vu cette même fatigue, cette même lassitude. Ses yeux, autrefois si vifs, semblaient maintenant éteints, comme un feu qui s’épuise lentement. 

Le soir, une fois les invités partis, on s’est retrouvés face à face dans le salon. La télévision était allumée, mais personne ne regardait. Le silence était pesant, comme une chape de plomb. C’est lui qui a parlé en premier. 

“On ne peut pas continuer comme ça.” 

Sa voix était calme, mais j’y ai entendu une pointe de désespoir. Alors, on a parlé. Pour de vrai. Pour la première fois depuis des mois, voire des années. 

Nous nous sommes tout dit. Nos frustrations, nos regrets, nos peurs. 

“Je me sens invisible,” ai-je murmuré, les yeux rivés sur mes mains. 

“Et moi, je me sens coincé,” a-t-il répondu, la voix tremblante. 

Les mots sortaient, libérés après avoir été trop longtemps retenus. Mais au fur et à mesure que la conversation avançait, quelque chose m’a frappée : parler ne suffisait pas. 

Je me suis souvenue de ces petits gestes qui, autrefois, nous rapprochaient. Un café préparé sans demander, une main posée sur l’épaule au passage, un regard complice échangé à travers la pièce. Ces gestes avaient disparu, remplacés par des silences et des regards fuyants. 

“Je t’aime,” a-t-il dit, et j’ai voulu y croire. 

“Je veux qu’on s’en sorte,” ai-je répondu, mais les mots sonnaient creux. 

Après la conversation, nous sommes restés assis côte à côte, comme deux étrangers partageant le même banc. J’ai attendu un geste, un signe, quelque chose qui montrerait que nous étions prêts à recommencer. Mais rien n’est venu. Juste le silence, et cette distance qui semblait désormais infranchissable. 

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